Je la cite :
« Il n’est point nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »
La citation de Guillaume d'Orange, reflète une philosophie de courage et de détermination face aux défis. Guillaume d'Orange, a été un héros de la guerre pour l'indépendance des Pays-Bas contre l'Espagne au XVIe siècle. C’est lui qui a créé les « Provinces Unies ».
« Cette phrase illustre l'idée que l'engagement et la persévérance ne dépendent pas toujours de la confiance ou de la certitude de succès, mais plutôt d'une volonté ferme de continuer malgré les obstacles et l'incertitude.
Elle a été prononcée ou écrite dans un contexte où Guillaume d'Orange encourageait ses troupes ou ses compatriotes à continuer leur combat, même lorsque la victoire semblait incertaine ou que l'espoir semblait faible. Cette citation incarne une attitude de résilience et de détermination face à l'adversité, et elle est souvent utilisée pour inspirer la persévérance dans des moments difficiles ». Explication officielle.
Je ne souscris pas à cette proposition. Pourquoi ?
Certains pourraient rapprocher cette devise de celle attribuée à Pierre de Coubertin proférée à quelques siècles d’intervalle. Celui-ci, inspiré, et fasciné par la culture grecque et romaine, voulut restaurer les Jeux Olympiques et créa à cet effet le Comité international olympique?
Je cite aussi : "Citius, Altius, Fortius" ("Plus vite, plus haut, plus fort ensemble") L’important est de participer. Pas de gagner, ajoutait-il.
Autant les paroles de Coubertin engageaient l’enthousiasme, autant les paroles de Guillaume d’Orange pouvaient être contre productrices et décourageantes en ce que le moteur de l’action est l’espoir de réussir. Il est dit qu’on n’engage pas de guerre qu’on est pas sûr de la gagner.
On n’entreprend jamais quelque chose quand on n’a aucune chance de parvenir à son but. Il est par conséquent nécessaire d’espérer avant d’entreprendre puisque de toute façon, il faut un motif pour l’action. L’action gratuite pour faire le bien s’appelle alors l’altruisme.
La seconde partie de la citation est encore plus troublante.
Ni de réussir pour persévérer.
Lorsque la réussite est là, on a atteint son but. Quelle persévérance aurait-on à mettre en œuvre quand les choses sont arrivées telles que souhaitées ? Évidemment, on peut vouloir persévérer après une première réussite, mais sur un autre projet qui prend le relai.
Le propos de Guillaume d’Orange qui est repris à un certain degré de la franc-maçonnerie ne trouvent pas non plus selon moi sa place dans un concept initiatique. Il est clair qu’on n’est jamais certain d’arriver au bout du chemin initiatique, mais on l’espère évidemment, Et puis, il faut être raisonnable et s’avoir jusqu’où on peut aller. On ne se fait pas initier sans avoir une idée derrière la tête. Beaucoup entre en maçonnerie sans savoir ce que c’est, mais la curiosité est un moteur suffisant. Elle est un motif de décision. On n’entre pas dans un restaurant si on n’a pas envie d’y prendre un repas, ou qu’on y a seulement vu de la lumière dans la salle.
Je suppose, car c’est la seule explication plausible, que dans le cadre maçonnique, compte tenu des nombreux degrés à franchir, il s’agit de porter le message que ce n’est pas parce qu’on a atteint un palier, qu’il ne faut pas entreprendre la conquête du suivant. Mais selon moi, de toute façon c’est mal formulé.
J’imagine mal un général dire à ses troupes : attaquez mais n’espérez pas gagner. C’est lancer dans la bataille des hommes comme de la chair à canon. Même durant la guerre 14/18, les troupes avaient l’espoir de vaincre malgré la boucherie que l’on sait.
Ou bien Guillaume le taciturne a-t-il mal exprimé son propos. C’est possible mais étrange de la part d’un taciturne qui, parlant peu et mesurant ses paroles, est supposé prendre son temps pour formuler ses idées.
François Lorre
À propos de l'auteur de l'article
Responsable dans les arts graphiques Kodak, conférencier symboliste, dans
les hauts grades maçonniques, ancien VM.
Humaniste ayant une approche ésotérique de haut niveau en symbolisme sous différentes
formes.
Auteur de l'ouvrage "Ouverture à l'ésotérisme", ce livre est une porte d’entrée privilégiée pour les initiés et chercheurs en quête de spiritualité par la Franc-Maçonnerie. Avec un langage accessible, il décrypte les symboles et rituels du 1er degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, permettant au lecteur de comprendre la portée initiatique des gestes, mots et symboles.
L’ouvrage invite à une pratique quotidienne, ancrée dans le quotidien, pour intégrer les enseignements spirituels découverts en Loge dans la vie profane.