Glénat BD, 2024, 56 pages, 14,95 €
Les auteurs nous plongent dans l’obscurité oppressante de la Seconde Guerre mondiale, révélant la lutte invisible des francs-maçons pour la survie et la préservation de leurs valeurs.
Ce onzième tome explore une guerre de l’ombre où la franc-maçonnerie, persécutée et traquée, trouve dans la répression un terrain de résistance et de solidarité inébranlables. L’atmosphère de la bande dessinée est sombre, chargée de menace et d’inquiétude, alors que l’Europe entière est engloutie dans les ténèbres du conflit, et que la persécution des francs-maçons s’intensifie sous le régime nazi. Les auteurs dépeignent avec une précision glaçante le climat de terreur régnant dans les camps, et l'incertitude qui plane sur l’avenir de la franc-maçonnerie. Pourtant, loin d’abandonner leurs idéaux, les personnages incarnent courage, résilience et fraternité, illustrant une humanité qui persiste même dans les pires adversités.
Au centre de l’intrigue, Léo Müffelmann, fondateur de la grande loge symbolique d’Allemagne, prend la décision cruciale de dissoudre la loge pour échapper à la haine d’Hitler. Avant cela, il confie un artefact essentiel, la pierre à la croix – l’une des trois pierres de lave, avec celle du croissant et de l’étoile, sauvées par trois veuves – relique mystique du Temple de Jérusalem, porteuse d’une symbolique intemporelle. Cette pierre, dont la chaîne de transmission reste ininterrompue, devient l’objet d’une mission secrète et périlleuse, questionnant la résilience des traditions face aux forces destructrices.
L’histoire prend un tournant tragique et captivant lorsque René, un franc-maçon interné en camp de concentration, rencontre un officier allemand qui, sous l’uniforme ennemi, se révèle être un frère. Cette alliance improbable et pleine de suspense ajoute une dimension humaine et intense au récit. Investi d’une mission cruciale pour protéger un héritage symbolique, René, malgré les risques, conçoit un plan d’évasion où chaque geste, empreint de tension, devient un acte de résistance. Ce tableau est riche en nuances, mêlant espoir et désillusion, foi en l’humain et méfiance envers un monde prêt à trahir les valeurs fondamentales.
Stalag 33 est bien plus qu’une aventure historique : il s’agit d’une méditation sur la mémoire, la résistance de l’esprit humain et la nécessité de préserver un héritage spirituel malgré l’adversité. La quête de la pierre à la croix symbolise la persistance des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité dans un monde en déliquescence. Cette pierre, véritable lien entre passé et présent, confère au récit une continuité qui transcende les âges.
Enfin, la contribution de Jean-Laurent Turbet confère une dimension documentaire précieuse, éclairant avec rigueur les persécutions subies par la franc-maçonnerie sous le régime nazi. Turbet décrit avec précision les lois antimaçonniques et la traque impitoyable des loges, inscrivant la résistance clandestine des francs-maçons dans un contexte historique rigoureux. Ce cadre souligne la lutte pour la survie et les valeurs humanistes face aux forces totalitaires.
Ce tome invite les lecteurs à réfléchir à la force de l’esprit humain et à l’importance de préserver la liberté, même lorsque tout semble perdu. Dans cette lutte pour la survie, les valeurs maçonniques émergent comme un phare dans l’obscurité, transformant ce récit en un hommage puissant à la fraternité et à la résilience face à la barbarie.