Les Éditions de la Tarente, coll. Ces Symboles qui nous nourrissent, 2025, 74 pages, 11 €
La collection Ces symboles qui nous nourrissent, initiée aux Éditions de la Tarente, s’ouvre comme un pavé mosaïque pour ce siècle vacillant, où l’humanité cherche son centre. Chaque volume propose une méditation sur un symbole vivant, un aliment de l’âme, dans une loge de papier où l’écriture devient outil de transmission. Le sel, la pomme, la grenade sont autant de figures familières qui, interrogées avec compas et fil à plomb, révèlent d’autres dimensions de notre humanité. Cette collection est un banquet de sens, une invitation à goûter le monde en conscience. À chacun d’y trouver son propre grain de sel.
Le Sel d’Isabelle Andrivet : un livre-révélation
Dans Le Sel, Isabelle Andrivet tisse une tapisserie de mots aussi cristallins que le minéral qu’elle célèbre. Sous sa plume, la matière s’élève en symbole, et l’esprit s’abreuve à des sources insoupçonnées. Ce n’est pas une simple chronique d’un condiment millénaire. C’est un livre-révélation, un traité d’alchimie discrète, où le tangible devient reflet du divin. Chaque grain de sel devient une clé, chaque saveur un écho d’éternité. On y entend le chant du pain partagé, le murmure du vin offert… autant d’échos d’un rite ancien, murmuré dans le silence des Loges.
Une écriture initiatique
Isabelle Andrivet, dont l’écriture porte les accents d’une prêtresse des symboles, nous guide à travers un labyrinthe de sens. Le sel, humble et omniprésent, se révèle sous sa main comme un messager d’une sagesse immémoriale. Son parcours, nourri d’hermétisme et de poésie intérieure, l’a conduite à faire de la matière un miroir de l’âme. Son œuvre s’inscrit dans une tradition vivante, où chaque symbole devient un levier pour l’éveil.
Le second seuil : les illustrations de Catherine Guidini
Catherine Guidini, par ses illustrations, ouvre un second seuil. Ses dessins, méditations visuelles autant qu’interprétations inspirées, surgissent comme des glyphes silencieux, des talismans suspendus entre le monde et l’esprit. Elle possède l’art rare de figurer l’invisible, de faire surgir l’âme du trait. Son œuvre s’enracine dans la matière, mais s’élève vers les cimes, entre regards de pierre et échos végétaux, entre le minéral et le végétal, entre la terre et le souffle.
Magali Aimé : gardienne des seuils
À la direction de cette collection, Magali Aimé agit comme une gardienne des seuils. Elle insuffle à chaque volume une intention, une justesse, une résonance profonde. Issue d’un lignage où l’humanisme, la tradition maçonnique et la quête intérieure dialoguent sans heurt, elle élève chaque publication au rang de pierre d’angle. Ses propres textes, tels Les vignes de la franc-maçonnerie (Dervy, 2006) ou Femme et franc-maçonne – Paroles d'apprenties, silences de compagnonnes (Dervy, 2010), tracent des chemins de lumière dans la nuit de nos incertitudes.
Un temple portatif et initiatique
Ainsi, Le Sel devient comme un temple portatif, un écrin d’intelligence sensible. Ce cristal modeste murmure l’alliance et la fidélité, la purification et la mémoire. Il porte en lui le sceau de l’hospitalité, la trace d’un pacte ancien, le souffle d’une sagesse enfouie qui irrigue encore notre présent. Isabelle Andrivet, dans une prose qui respire comme une source vive, nous rappelle que le sel ne se réduit pas à un simple ingrédient. Il se révèle messager, passeur, compagnon discret sur le chemin intérieur.
Un symbole universel
Dans cette danse des éléments, la terre semble s’ouvrir sous nos pas pour offrir ses trésors cachés, tandis que le ciel nous enveloppe de sa lumière bienveillante. Présent dans les légendes, les proverbes et les rites sacrés, le sel s’élève ici comme un symbole universel, reliant les cultures et les âges dans un même élan vers l’invisible. En chaque grain se devine une promesse de continuité, un appel à reconnaître l’interdépendance qui relie les êtres et les mondes. Il ne nourrit pas seulement le corps ; il éveille l’esprit et élève l’âme vers une compréhension plus vaste.
Une offrande transformatrice
Et si cette offrande nous comble d’une joie profonde, c’est qu’elle nous apprend à voir au-delà du visible. Le sel nous convie à une table où les récits se tissent et où les mains tendues bâtissent des liens durables. Se nourrir devient alors un geste de reliance, une manière d’honorer la nature, d’écouter en chaque chose le murmure d’une vérité ancienne. Isabelle, Catherine et Magali nous offrent ici un miroir limpide où contempler notre propre quête. Ce livre, en apparence discret, ouvre un chemin de transmutation : là où la matière devient esprit, le sel devient celui de notre propre rédemption.