Liralest/Le Pythagore Éditions, 2023, 276 pages, 20 €

Liliane Mosca, journaliste retraitée, et Thierry F.P. Leroy, docteur en histoire médiévale et passionné par les mouvements ésotériques médiévaux, nous offrent une œuvre qui plonge le lecteur au cœur des complexités historiques, politiques et spirituelles du XIIe siècle. Dans une fresque où se mêlent fiction et réalité historique, ce roman tisse les intrigues personnelles et collectives autour de figures féminines d’exception : Adèle d’Angleterre et Élisabeth de Chappes. Elles sont les pivots d’une narration qui éclaire non seulement le destin individuel mais aussi des enjeux collectifs liés à la fondation de l’ordre du Temple.

Adèle d’Angleterre : entre honneur, pouvoir et réconciliation

Ce roman brille par l’épaisseur historique des personnages et par le souci de leurs auteurs de restituer un contexte riche en nuances. Adèle d’Angleterre, fille de Guillaume le Conquérant et comtesse de Blois, incarne le dilemme entre devoir familial et enjeux de pouvoir. Sa quête de réhabilitation de la mémoire de son époux, Étienne-Henri de Blois, disgracié pour son abandon de la croisade, illustre l’idée maçonnique de réconciliation entre les erreurs humaines et l’honneur à travers des actes éclairés.

Élisabeth de Chappes : une figure féminine de la transmission

Parallèlement, Élisabeth de Chappes est un personnage qui résonne comme une figure de pont entre tradition et émancipation. Épouse de Hugues de Payns, fondateur présumé de l’ordre du Temple, elle incarne une force discrète mais essentielle, un soutien dans l’ombre de grandes entreprises spirituelles et chevaleresques.

Un contexte géopolitique en mutation

L’intrigue explore également la dimension géopolitique de cette époque, marquée par les croisades, les rivalités féodales et la montée des nouveaux ordres religieux. Les auteurs s’attardent sur des thématiques profondes : la rédemption, l’honneur, mais aussi la manipulation politique, abordées dans un style qui oscille entre la rigueur historique et l’envolée romanesque.

Le rôle central des femmes : une vision féministe médiévale

Le rôle des femmes dans cette histoire n’est pas relégué à l’arrière-plan ; elles deviennent des actrices à part entière, ce qui confère au roman une dimension féministe avant l’heure. Le recours aux personnages fictifs, comme les religieuses du prieuré de Marcigny, permet aux auteurs de jeter une lumière plus intime sur les conséquences des grands événements historiques.

Une galerie de personnages au service d’une époque vivante

Ces figures enrichissent le tableau en offrant des perspectives variées, de la servante au chevalier, créant ainsi une mosaïque vivante et authentique de l’époque.

Une lecture maçonnique et symbolique de la quête templière

Ce roman invite aussi à une lecture maçonnique, car il s’enracine dans des valeurs d’élévation spirituelle, de quête de vérité et d’universalité. Les Templiers, évoqués ici à travers leurs origines mythiques et réelles, incarnent une structure initiatique, un ordre cherchant à concilier les vertus du guerrier et de l’homme éclairé.

La puissance du féminin dans l’initiation

Le rôle des figures féminines dans ce récit rappelle les contributions invisibles mais fondamentales dans toute quête initiatique : elles symbolisent souvent l’aspect protecteur, nourricier et intuitif nécessaire à l’équilibre du masculin et du féminin dans l’œuvre humaine.

La spiritualité contre les conflits terrestres

Le contexte de l’époque — les croisades, les luttes de pouvoir, et la recherche de transcendance spirituelle — fait écho à la quête maçonnique pour transcender les conflits terrestres et œuvrer pour une paix fondée sur la sagesse et la justice. Les dilemmes moraux des personnages s’inscrivent ainsi dans une symbolique de transformation intérieure, où les épreuves sont des outils d’éveil.

Un héritage templier à la portée universelle

Ce roman ouvre une réflexion sur l’héritage des Templiers, non seulement comme ordre religieux et militaire, mais comme symbole d’une aspiration universelle à la justice et à la lumière. Il interpelle le lecteur sur la pérennité des idéaux face à la corruption des ambitions humaines, un questionnement qui demeure intemporel.