Petit traité de la lenteur à l’usage des gens pressés
Mathias Leboeuf
25 août, 2025 par
Mise à jour sites

Guy Trédaniel éditeur, 2024, 172 pages, 12,90 €

Cet ouvrage s'inscrit dans une nouvelle collection de petits traités qui se distinguent par leur format soigné avec rabat, sous la direction de Christopher Laquieze et Mathias Leboeuf lui-même.
Cette collection se veut un espace où le texte philosophique retrouve une forme d’impertinence et d'originalité, en opposition au conformisme intellectuel.

Une réflexion philosophique sur la lenteur

Ce traité propose une réflexion philosophique aussi audacieuse que stimulante sur un thème qui semble à contre-courant de notre époque : la lenteur.

La lenteur, perçue comme un défaut

Mathias Leboeuf s'attaque ici à un phénomène dont les connotations sont systématiquement négatives.
La lenteur est perçue comme un défaut, un manque, une incapacité à suivre le rythme effréné du monde contemporain.

Pourtant, ce texte cherche à transcender cette perspective restrictive et invite à interroger ce qui se cache derrière cette notion.

  • De quoi la lenteur est-elle le nom ?

  • Pourquoi sommes-nous si prompts à la juger, à la condamner ?

L’auteur ne se contente pas d’en faire l’éloge. Il va au-delà du simple plaidoyer pour une vie plus lente et interroge les raisons profondes de notre rejet viscéral de ce qui est lent.
Il convoque les termes d'agacement, d'attente et de déception pour mieux cerner les résistances que la lenteur suscite en nous.

L’être-lent, un personnage conceptuel

Leboeuf développe avec finesse une réflexion sur le rôle de la lenteur dans nos vies et en fait émerger un personnage conceptuel : celui de l’être-lent.
Cet être-lent n'est ni inefficace ni apathique. Il est celui qui, en acceptant de ralentir, parvient à vivre pleinement.

Loin d'être un handicap, la lenteur devient alors une voie vers une forme d’accomplissement personnel, une manière de réintégrer du sens dans des gestes et des actions que la vitesse moderne tend à effacer.

Par petites touches, l’auteur dévoile cette dimension cachée de la lenteur, cette immanence qui se déploie dans l’expérience du ralentissement.
En cela, il ne cherche pas seulement à réhabiliter la lenteur, mais à en faire un concept philosophique.

Portrait de l’auteur : Mathias Leboeuf

Mathias Leboeuf est un philosophe engagé dans la diffusion de la pensée auprès des non-spécialistes, avec une carrière marquée par la vulgarisation des idées.
Il anime régulièrement des cafés philosophiques et intervient dans des entreprises pour rendre la réflexion philosophique accessible au plus grand nombre.

Cette double facette, à la fois philosophe et médiateur, lui permet d’aborder des sujets complexes de manière fluide et claire.

Ses précédents ouvrages

Dans ses précédents ouvrages, il avait déjà exploré cette voie de la philosophie pour tous, avec :

  • Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, petite histoire de la philosophie en 32 citations (Éditions Tallandier, 2009)

  • Plages Philo… à l'usage de tous (Éditions Tallandier, 2013).

Son approche est pragmatique, nourrie d'une expérience de terrain, ce qui donne à son style une simplicité qui ne sacrifie jamais la profondeur.

La synchronicité et la découverte du thème

Ce traité se distingue aussi par l’attention que l’auteur porte à la synchronicité, aux coïncidences étranges qui semblent parfois guider nos choix de lecture.

Leboeuf raconte qu'il a découvert son intérêt pour la lenteur presque par hasard, en ramassant un livre dans une boîte à livres.
Ce réflexe révèle un rapport très personnel à la lecture et à la pensée, où chaque rencontre avec un livre est perçue comme un moment de suspension, une pause bienvenue dans la frénésie du quotidien.

Un texte accessible à tous

La réflexion de Leboeuf, bien que profondément ancrée dans une tradition philosophique, s’adresse à un large public.

Loin de se contenter de plonger dans des débats théoriques, il nous interroge sur notre propre rapport à la lenteur dans un monde qui valorise l’efficacité et la rapidité.
Comment pouvons-nous réconcilier notre désir d’accomplissement personnel avec les exigences d’un environnement toujours plus rapide et contraignant ?

Ce petit traité, avec ses anecdotes, ses observations fines et ses références philosophiques bien choisies, constitue une tentative d’offrir des pistes de réflexion sur cette question essentielle.

Vers un nouvel art de vivre

Sous la plume de Mathias Leboeuf, la lenteur cesse d’être un fardeau pour devenir une porte d’entrée vers un nouvel art de vivre.

Ce n’est plus seulement un état d’esprit mais une manière d’être, une façon de réorienter sa vie dans une direction où la qualité prime sur la quantité, où chaque instant compte, non pas par ce qu’il accomplit, mais par ce qu’il représente en lui-même.

À travers son écriture claire, précise et parfois malicieuse, l’auteur nous invite à ralentir pour mieux savourer l’existence.

Le Petit traité de la lenteur à l’usage des gens pressés est donc bien plus qu’une réflexion philosophique : c’est une incitation à réévaluer notre manière de vivre dans un monde qui court à toute vitesse.

Mise à jour sites 25 août, 2025
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