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Libre et de bonne… heure

Réflexion personnelle à partir de deux citations extraites de l’agenda maçonnique 6025 (juillet pour Simone Weil et septembre pour Louis-Claude de Saint-Martin).
3 octobre 2025 par
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Deux citations en résonance

Louis-Claude de Saint-Martin écrivait :

« Tout est vrai dans l’Unité. Tout ce qui est coéternel avec elle est parfait. Tout ce qui s’en sépare est altéré ou faux. »

En quoi l’unité est-elle liée à l’éternité, à la perfection, et en quoi la séparation, la division, relèvent-elles de l’erreur, voire du mensonge ?

À cette interrogation fait écho Simone Weil :

« Il faut veiller au niveau où l’on met l’infini. Si on le met au niveau où le fini convient seul, peu importe de quel nom on le nomme. »

L’unité, reflet de l’éternité

L’unité semble ne pouvoir être perçue qu’au niveau le plus élevé de la conscience : celui de l’éternité. Oui, répondent nos deux auteurs.

L’infini… ou l’UN qui finit, car il englobe le Tout, de toute éternité.
C’est dans ce Tout que se confond l’Un. Dieu n’a jamais commencé, dit Saint-Martin : Il a émané. Mais certaines formes issues de Lui ont cherché à devenir « un » séparé, une copie appauvrie de Son essence. En créant cette division, elles ont engendré le doute, la rupture, la chute. Tel est l’adversaire — le Diable peut-être, mais surtout nous-mêmes, chaque fois que nous croyons que le chemin se perd dans le labyrinthe d’une vie dispersée, remplie de divertissements (dirait Pascal), de petites satisfactions et de grandes peines.

Nous nous éloignons alors du véritable UN, et ne retrouvons la joie d’être — dont nous n’avons souvent qu’un reflet affaibli — que dans l’Unité. C’est ce que Pasqually, Saint-Martin et Willermoz nomment la réintégration : le retour à l’Unité.

Retrouver le chemin de l’Un

Nous n’entendons plus Dieu parce que nous n’osons plus hurler dans notre silence intérieur. Il faut le déranger, dit Saint-Martin, et remonter marche après marche pour se rapprocher de Lui.

  • Par la prière et non la récitation.

  • Par la discipline intérieure et non la copie extérieure.

  • Par l’amour et non la simple compassion.

  • Par la bienfaisance et non par la morale.

  • Par la tempérance et non par le devoir.

Chercher Dieu, non pour le nier, mais pour Le continuer. Car, selon Saint-Martin :

« L’homme est un être chargé de continuer Dieu, là où Dieu ne se fait plus connaître par Lui-même. »

Tout a déjà été dit, tout a déjà été fait. Il nous revient donc de retrouver le UN, Dieu en nous-mêmes.

Brancher notre âme endormie, parfois apeurée, orpheline certainement, au courant spirituel de notre véritable demeure. Car, quel que soit le chemin, il n’y a qu’une seule Maison, un seul Temple. Il se construit sans cesse par de nouvelles pierres parfaites (nous, en devenir). Les pierres mal taillées, elles, sont rejetées dans le chantier de l’errance.

Ainsi se dresse une cathédrale sans sommet, car le Sommet est l’Un, l’infini. Une marche qui nous élève et nous allège, en nous dépouillant de nos aspérités et du superflu.

L’infini, le feu et la matière

Encore faut-il, nous rappelle Simone Weil, « veiller au niveau où l’on met l’infini », pour ne pas confondre la carte et le territoire.

Dieu se cherche dans la matière. Car si nous sommes poussières, nous sommes aussi matière première, d’où jaillit le feu. C’est le souffle divin qui ranime la braise endormie — jusqu’à l’embrasement, parfois, chez certains. C’est le feu de l’âme, celui des alchimistes.

Pour les endormis, au contraire, il ne reste que la mort : la conscience inachevée, qui disparaît comme un souffle.

La contre-initiation et la perte du chemin

Tous ne partagent pas cet élan. Guénon parlait de la contre-initiation : une force de division, du plus petit commun multiple au plus grand diviseur.

En 1229, l’Inquisition affirmait déjà que si Dieu avait caché ses secrets dans la matière, ce n’était pas à l’homme de les chercher. Ainsi naquirent les symboles et la langue des oiseaux, outils des alchimistes et des chercheurs de vérité.

Mais l’Écriture reste claire :

« Cherchez et vous trouverez. »

Et moi, j’ajoute : dispersez, divisez, opposez… et vous vous perdrez.

Conclusion

« Cacher les choses, c’est la gloire de Dieu. Les découvrir, c’est la gloire des rois. » (Proverbes XV-2)

Soyons ces rois, hommes et femmes libres.
Tutoyons les sommets, plutôt que de vouvoyer… les chiottes.

Mise à jour sites 3 octobre 2025
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